[Archives] Madame Nada Yafi, Ancienne Ambassadrice de France au Koweït

AFK : « Vous venez d’arriver au Koweït en tant qu’Ambassadrice de France, quel est votre parcours en quelques lignes ? »

Madame Nada Yafi, Ambassadrice de France au Koweït : Permettez-moi tout d’abord de m’adresser à la communauté française du Koweït, pour lui souhaiter une très bonne et très heureuse année 2011, puisque c’est la saison des vœux. Ces vœux vont également au pays d’accueil, où le nombre de Koweitiens qui maîtrisent notre langue est loin d’être négligeable. Je suis même impressionnée par la qualité du français parlé par mes interlocuteurs. Si d’aventure certains d’entre eux lisent ces lignes, ils sauront que je suis très heureuse de venir dans ce pays du golfe, proche des Emirats Arabes unis, où je viens de passer trois années, en tant que Consule Générale de France à Dubaï. Avant cela j’étais au ministère des Affaires étrangères à Paris, au Quai d’Orsay, après avoir fait un passage de deux ans à l’ambassade de France à Damas.  
Si je continue de remonter le temps, je dirai qu’avant d’être reçue au concours de conseiller des affaires étrangères en 2003,  qui a ouvert ma carrière de diplomate, j’étais pendant plus de quatorze ans l’interprète officielle de la France pour cette région du monde. A ce titre j’ai pu voyager dans le monde arabe, à l’occasion des déplacements officiels de nos responsables politiques (Président, Premier ministre, ministre des affaires étrangères ou de la défense) et assurer la communication lors de visites officielles en France des chefs d’état et de gouvernement arabes, ainsi que des ministres des affaires étrangères de cette région du monde. Avant d’obtenir mon diplôme d’interprète de conférence (de l’ESIT, qui est une grande école post-universitaire)  j’ai eu une formation principalement  littéraire (maîtrise de lettres modernes, Sorbonne Nouvelle), mais une culture bien plus diversifiée, due à  la longue fréquentation des responsables de notre politique étrangère, qui a été pour moi une véritable « école vivante ».

AFK : « Comment envisagez-vous votre rôle au Koweït et quelle philosophie d’action est la vôtre ? »

N.Y. : J’envisage mon rôle au Koweït avec confiance et exigence à la fois. Confiance car il s’agit d’un pays ami et allié, avec lequel nous entretenons d’excellentes relations politiques. Et exigence, parce que je dois relever le défi de porter à ce même niveau d’excellence les autres aspects de nos relations, notamment les relations économiques et commerciales, qui ont encore une marge de progression appréciable. Quant à ma philosophie d’action, je la trouve dans la mission qui nous a  été assignée par le Président de la République, à savoir celle de faire rayonner la France dans cette région du monde, la France avec ses valeurs, celles des lumières,  et celles, aussi, de la diversité culturelle et du respect de l’Autre. A l’instar de notre ministre des affaires étrangères, Madame Alliot Marie, qui évoquait dans son discours de prise de fonctions « une France à la fois généreuse et ambitieuse », j’ambitionne  de mieux faire connaître tous les atouts de notre pays,  que ce soit à  l’exportation (produits de qualité et savoir faire industriel),  ou en France même, avec toutes les opportunités offertes aux investissements étrangers. Je m’efforcerai en même temps d’expliquer le rôle de notre pays dans la recherche d’une « mondialisation » plus équilibrée et plus juste.

AFK : « Avez-vous des projets au Koweït ? »

N.Y. : Mes projets sont ceux de la France. Je vous rappelle que notre pays a cette année la Présidence du G8 et du G20. Et nous aurons à ce titre avec le Koweït  une étroite consultation sur des sujets très divers, dont celui de la crise financière mondiale bien sûr, mais aussi du dynamisme de ce petit pays dans cette région du monde, où le Koweït s’illustre par son système démocratique. Un nouveau partenariat entre la France et le Koweït sera annoncé bientôt, dans le cadre de notre Présidence du G8/G20 ; Notre dialogue englobera de nombreux  interlocuteurs tant officiels qu’appartenant à  la société civile. Celle-ci est très dynamique, comme on peut le constater,  à travers les média, les centres culturels, les  organisations diverses, les diwaniyas. Une véritable culture du débat anime ce pays, qui le rend extrêmement intéressant et proche de nous. Le Koweït s’illustre également par sa tolérance en matière de religions et de minorités, et par sa promotion de la femme, dans tous les secteurs de la vie publique. Inutile de vous dire à quel point ces sujets m’intéressent…

Portrait recueilli par l’AFK