Jean-Pierre Hess: 30 ans d'expérience au Koweït

AFK: Quel est votre parcours à l’origine?

Jean-Pierre Hess: Titulaire d’une Licence Es Lettres Modernes, j’ai enseigné le français et exercé les fonctions de conseiller d’éducation au début de ma vie professionnelle. Après quelques années je me suis tourné vers les métiers du commerce, préparant et réussissant une formation  de ce qu’on appellerait aujourd’hui un MBA de business international. Ma connaissance de plusieurs langues a favorisé la tenue de postes à responsabilité en ventes, marketing et direction commerciale en France, aussi bien qu’à l’export dans divers pays européens.

AFK: Qu’est-ce qui vous a poussé au changement ?

JPH: Le 10 mai 1981, l’avènement socialiste et la répression fiscale qui en découla, furent pour moi les pierres d’angle d’une recherche de solution pour survivre à l’étranger. Il me fallut deux ans pour passer à l’acte. Après avoir payé mon « quitus fiscal », je partis de Strasbourg le 1er mai 1983, avec mon épouse et ma guitare, en voiture, en ne laissant rien derrière moi, ni même des regrets. Après 6000 km, en passant par Baghdad, nous arrivâmes le 15 mai au Koweït.


AFK: Qu’est-ce qui vous a retenu parmi nous si longtemps ?

JPH: Ce pays est resté ma base d’attache et m’a servi, depuis plus de trente ans, de plateforme pour toutes les  aventures commerciales qui ont jalonné mon parcours. Des succès incontestables durant la guerre d’Iraq avec l’Iran à la défaite tout court durant l’invasion du Koweït, j’ai été à la fois riche et pauvre, libre et prisonnier, indépendant et otage. Mais j’ai appris à survivre en travaillant sans filet. Du Yémen à Istanbul et de Casablanca à Kabul, j’ai gagné mes galons, ma crédibilité et mon surnom d’ « Indiana John ».


AFK: Et que faites-vous pour l’heure ?

JPH: Mes points forts on toujours été les Ventes et les Achats et mon expérience de la logistique de terrain, que j’ai utilisés pour mon propre compte le plus souvent et pour d’autres en tant que consultant. Actuellement, à l’âge de la retraite, je travaille pour M.H. Alshaya, le plus gros distributeur franchisé en devenir de la planète, comme responsable de projets de développement en Logistique à travers le monde.

AFK: Quel est votre rapport à la Communauté française ?

Je me suis toujours mis au service de la communauté française, avant, pendant et après l’invasion. Commercialement j’ai toujours défendu nos intérêts nationaux. Durant la guerre j’ai participé à l’action de l’Ambassade  comme support des 54 français « cachés », jusqu’à leur libération fin octobre 90. Après guerre je suis revenu, au mois d’avril 91, en mission bénévole pour le Ministère des AE, afin de procéder au recensement des pertes de nos compatriotes et de nos entreprises, pour étayer leurs dossiers auprès des Nations Unies. Plus tard, au milieu des années 90, j’ai été le rédacteur en chef de La Gazette, seul supplément hebdomadaire en français du Kuwait Times. J’y ai animé une équipe de 54 bénévoles tous issus de divers pays de la francophonie.  Plus tard, on m’a remis les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite, pour services rendus à la communauté. Je participe toujours aux activités du Comité de l’AFK.

Le temps a passé si vite, qu’il m’a porté du 20ème au siècle présent, sans que réellement je m’en aperçoive.  Mais ce vécu, je l’aime dans son entièreté. Et je serais si heureux s’il voulait encore s’étendre un peu plus longtemps, pour m’aider à réaliser quelques idées et projets qui traînent toujours dans ma tête.

Portrait recueilli par l'AFK