Monsieur Christian Nakhlé :
Biographie
Nouvel Ambassadeur de France au Koweït depuis
septembre 2013, M. Christian Nakhlé a présenté ses lettres de créance à Son
Altesse Cheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah le 4 novembre 2013 au Palais
Bayan en devenant ainsi le seizième Ambassadeur de France au Koweït depuis
l’établissement en 1964 des relations diplomatiques entre les deux pays.
M. Christian Nakhlé a débuté sa carrière au
Ministère français des Affaires étrangères au Canada puis en Egypte. Lauréat du
concours des Conseillers des Affaires étrangères du Cadre d’Orient (arabe
littéral, arabe oriental), il rejoint en mars 1995 la Direction des ressources
humaines du Quai d’Orsay avant d’être nommé en juillet 1997 sur des fonctions
politiques au Consulat Général de France à Jérusalem. En août 2001, il est
nommé Deuxième Conseiller à l’Ambassade de France au Caire (politique étrangère
et Ligue des Etats Arabes) avant de rejoindre en octobre 2005 le Centre
d’Analyse et de Prévision du Quai d’Orsay. En septembre 2008, il s’envole pour Djeddah,
en Arabie Saoudite, où il est désigné Consul Général de France. Il sera notamment
dans ces fonctions l’interlocuteur pour la France de l’Organisation de la
Conférence Islamique (OCI). De retour à Paris en mai 2012, il est nommé au
cabinet du Ministre des Affaires étrangères dans les fonctions de Conseiller du
Ministre pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
M. Christian Nakhlé est titulaire d’un
diplôme d’ingénieur et diplômé en sciences économiques. Outre un diplôme
supérieur de traduction (arabe littéral), il est titulaire d’une licence de
persan de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Paris). Ancien
auditeur à l’Institut Diplomatique, M. Christian Nakhlé a participé aux jurys
d’arabe littéral et oriental de divers concours de la fonction publique
(concours des Affaires étrangères, ENA).
AFK : « Vous venez d’arriver au Koweït en tant qu’Ambassadeur
de France, quel est votre parcours en quelques mots ? »
M. Christian Nakhlé, Ambassadeur de
France au Koweit :
Comme l’atteste la biographie qui précède l’article que vous vous apprêtez à
publier, je me suis dès mon entrée au Quai d’Orsay spécialisé dans le suivi des
dossiers du monde arabe et musulman. Ma connaissance linguistique et culturelle
de la région m’a naturellement conduit à orienter ma carrière vers cette région
du monde que j’apprécie tout particulièrement. A la pratique de l’arabe, s’est
rajoutée la langue persane que j’ai eu la chance d’apprendre ces dernières
années et qui m’a été particulièrement utile à l’époque où j’étais chargé au
Centre d’Analyse et de Prévision au Quai d’Orsay d’une zone incluant l’Iran et
l’Afghanistan.
Mon parcours a autrement été
essentiellement jalonné par des dossiers politiques : à Jérusalem, où
j’étais chargé des relations avec l’Autorité Palestinienne en plus d’assurer les
fonctions de Conseiller de presse ; au Caire, où je suivais la politique
étrangère égyptienne et les dossiers ayant trait à la Ligue Arabe. Au Centre d’Analyse et de Prévision, m’ont
été confiés les dossiers du Maghreb et du Moyen-Orient et j’ai pu ainsi
parcourir le monde arabe et musulman, du Maroc à l’Iran et l’Afghanistan en
passant par les monarchies du Golfe et le Yémen où je me suis rendu en mission
à plusieurs reprises. A la tête du Consulat Général de France à Djeddah, en
Arabie Saoudite, je couvrais également les activités de l’Organisation de la
Coopération Islamique ainsi que de la Banque Islamique de Développement.
A mon
retour en mai 2012 à Paris, j’ai rejoint le Cabinet du Ministre des Affaires
étrangères en qualité de Conseiller du Ministre sur ma zone de prédilection, à
savoir l’Afrique du Nord et le Moyen Orient. Dans le cadre de ces fonctions,
exigeantes et passionnantes, j’ai eu la chance et l’honneur d’accompagner le
Ministre lors de plus d’une vingtaine de tournées dans la région et plus d’une
trentaine de destinations, dans les pays du Golfe notamment.
Ma
nomination en tant qu’Ambassadeur de France au Koweït s’inscrit ainsi dans la
continuité d’une carrière qui me prédestinait d’une certaine manière à occuper
un premier poste d’Ambassadeur dans cette région du monde. J’en suis à la fois
honoré et ravi, découvrant aujourd’hui un pays, le Koweït, à la fois fascinant
et complexe, riche d’une histoire récente mouvementée (invasion irakienne),
aujourd’hui apaisé dans ses relations avec l’ensemble des pays voisins qui font
du Koweït un excellent poste d’observation de toute la région.
AFK
: « Comment envisagez-vous votre rôle au Koweït et
quelle philosophie d’action est la vôtre ? »
C.N. :
Le
rôle de tout Ambassadeur au Koweït, et je souhaite ici rendre hommage à mes
prédécesseurs à ce poste, est de veiller aux bonnes relations diplomatique et
politique de nos deux pays. Sur ce point, je peux vous rassurer, elles sont
excellentes. Personne n’oublie ici que la France a contribué en 1991 à la
libération du pays en expédiant sur place 19.000 hommes dans le cadre de
l’opération Daguet, du nom donné à la participation de l’armée française à la
coalition internationale formée suite à l’invasion du Koweït par l’Irak lors de
la première guerre du Golfe.
Les Koweïtiens me le répètent très
régulièrement et gardent en mémoire ce lien très fort qui nous unit et qui se
rajoute au socle d’une amitié déjà ancienne entre nos deux pays. Au lendemain
de l’indépendance du Koweït en 1961, la France a reconnu son nouveau statut dès
le 28 août de cette même année devenant ainsi l’un des tout premiers pays à
accueillir le Koweït au sein de la communauté internationale.
Mais au-delà de ces questions purement
diplomatiques et politiques, ce qui frappe le plus en arrivant ici dans le pays
est de voir l’amitié que nous portent les Koweïtiens. Ils me le disent,
l’attestent au quotidien par la qualité et la chaleur de leur accueil. Ils en
donnent également la preuve à en croire le nombre de visas que notre Consulat
délivre tous les ans : plus de 40.000 en 2013 ! Les Koweïtiens aiment
l’Europe, aiment la France, entretiennent de longue date une relation de
proximité avec notre pays. Il m’est à plusieurs reprises arrivé de m’adresser
en arabe à des interlocuteurs de très haut niveau dans le pays et de me voir
répondre en français !
Mon ambition durant mes années de
fonction au Koweït est donc d’entretenir ces liens, de les approfondir, de les
accompagner également d’une plus grande proximité économique entre nos deux
pays. Vous savez que le Ministre français des Affaires étrangères a fait de la
« diplomatie économique » l’un de ses chevaux de bataille. Je m’y
atèle avec force et enthousiasme, ayant durant toute ma carrière entretenu des
rapports confiants avec le monde de l’entreprise et de l’industrie auquel me
prédestinait à l’origine mes études d’ingénieur. Avec l’ensemble de l’équipe de
l’Ambassade, et notamment du Conseiller économique, M. Michel Boivin, et de
l’Attaché de Défense, le Colonel Patrick Perret, nous formons une équipe soudée
et tournée vers la promotion des échanges entre nos deux pays. Nos entreprises
en prennent la bonne direction. Depuis mon entrée en fonction en septembre
2013, des contrats majeurs ont abouti (Airbus, Technip) ou ont vu leur montage
financier se finaliser (GDF Suez, Sidem) pour un chiffre d’affaires de plus de
6 milliards de dollars américains… Vous ne m’empêcherez pas de pouvoir en
parler avec fierté !
Nous n’allons certes pas nous arrêter
en si bon chemin. J’ai l’ambition de revigorer le French Business Council in
Kuwaït, notre club d’affaires franco-koweïtien, en accompagnant le travail
effectué par son président actuel, M. Anthony Chalhoub, et les membres du FBCK.
Bien entendu, nous sommes ici au Koweït
attendu sur de nombreux autres secteurs. Je citerai en priorité la promotion de
la langue française, de notre espace culturel, de notre savoir-faire en matière
de formation, de coopération universitaire, de domaine d’excellence à l’instar
de la médecine. Nous disposons au Koweït d’un établissement scolaire, le lycée
français, dont la réputation est excellente dans le pays et qui est fréquenté,
fait à souligner, par de nombreux Koweïtiens qui en sont fort satisfaits.
AFK
: « Avez-vous des projets au Koweït ? »
C.N.
: Je
crois avoir déjà partiellement répondu à votre question. Nos projets au Koweït
sont nombreux. J’ai cité en priorité le suivi de notre diplomatie économique
dans le pays. J’aurais pu aborder des pistes que nous explorons dans le domaine
éducatif, en matière de santé, des partenariats que nous mettons en place avec
nos amis Koweïtiens. Je préfère ici vous donner le sens de mon action dans le
pays, celui de l’ensemble de l’équipe de l’Ambassade bien entendu. Vous savez
peut-être que tout Ambassadeur de France est tenu de présenter à ses autorités
à Paris un « plan d’action » dans les six premiers mois de son séjour
à l’étranger. Nous travaillons mon équipe et moi sur ce plan d’action de
l’Ambassade et, croyez-moi, nous le mettrons en œuvre avec enthousiasme et
dynamisme car nous croyons tous à l’immense potentiel que recèle le Koweït, à
son empathie pour la France et à notre capacité collective à porter haut et
fort les couleurs de notre pays.
Portrait recueilli
par Philippe Sauvan, Président de l'AFK